On parle beaucoup des médecins qui réussissent leur reconversion. Ceux qui deviennent écrivains, entrepreneurs, consultants. Ceux qui trouvent leur voie, changent de rythme, sourient à nouveau.
Mais on parle rarement de ceux qui se sont plantés : ceux qui ont voulu aller trop vite, ceux qui ont choisi une voie qui ne leur convenait pas, ceux qui ont tenté, puis reculé. Ces récits-là, moins glamour, sont pourtant essentiels.
Parce qu’un “raté” n’est pas forcément un échec. C’est parfois un détour nécessaire, une alerte, un recalibrage. Voici des témoignages de médecins qui ont tenté de changer de voie… et qui en ont tiré des leçons précieuses.
Ancienne médecin généraliste, je me consacre aujourd’hui à l’accompagnement des soignants en reconversion. Et je peux te l’assurer : nombreux sont les médecins qui sont arrivés après un premier projet qui n’avait pas abouti comme prévu.
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“J’ai fui… mais sans projet” – Thomas, ancien urgentiste
Après 10 ans d’urgences hospitalières, Thomas n’en pouvait plus. Les nuits, la tension, la surcharge, l’impression d’être devenu une pièce dans une usine à soins : tout cela était devenu insupportable. Il claque la porte du jour au lendemain et décide d’ouvrir un food truck. Il adore cuisiner, pourquoi pas ?
3 mois plus tard, il se retrouve encore plus épuisé :
- lever à 5h,
- gestion du stock,
- contraintes sanitaires,
- solitude,
- et surtout : absence totale de visibilité financière.
Il se rend alors compte qu’il a voulu fuir la médecine, pas construire un projet aligné. Cela l’a mené dans un état d’épuisement professionnel encore pire que lorsqu’il était au sein des urgences.
Thomas a pris quelques mois supplémentaires pour penser sa reconversion. Il est aujourd’hui médecin ostéopathe (et oui… il est de retour dans le médical) et heureux de son nouvel équilibre.
Leçon : Fuir un environnement toxique est compréhensible. Mais fuir sans boussole, c’est se condamner à tourner en rond.
“Je croyais que l’enseignement allait me sauver” – Camille, ex-médecin généraliste
Camille ne se voyait plus continuer à enchaîner les consultations de 15 minutes. Elle aimait transmettre, alors elle a postulé comme formatrice en IFSI. Les premiers mois, elle a savouré ce nouveau rythme. Mais elle a aussi découvert les contraintes : programme rigide, peu d’autonomie, lourdeur administrative, élèves en difficulté, …
Elle a fini par se sentir inutile, enfermée dans un rôle où elle ne se reconnaissait pas. Elle a quitté le poste au bout d’un an, sans amertume, mais avec lucidité. Elle a choisi de prendre le meilleur de cette expérience et de devenir formatrice indépendante. Elle peut ainsi transmettre de la manière qui lui convient le mieux.
Leçon : Aimer un aspect de son métier (transmettre, accompagner) ne signifie pas que les métiers connexes vont forcément nous convenir. Il faut tester, explorer, ajuster.
“J’ai cru que le coaching était LA solution” – Mehdi, médecin hospitalier
Mehdi avait toujours été celui qui écoutait les autres. En quête de sens, il se forme au coaching professionnel. L’idée d’accompagner les transitions le séduit. Il se lance à son compte, investit dans un site, se fait connaître sur LinkedIn… mais les clients ne viennent pas.
Il réalise alors qu’il n’aime pas vendre, qu’il ne veut pas faire du marketing, et que l’indépendance totale le stresse plus qu’elle ne le libère. En tant que médecin, il suffit presque de poser une plaque et les patient viennent. En tant que coach, ce n’est pas la même histoire. Il faut communiquer, se faire connaitre, convaincre, bref… savoir se vendre.
Son besoin de cadre, d’équipe, de stabilité a refait surface. Mehdi est retourné dans les services. Sa formation en coaching lui permet d’agir différemment dans son équipe. Il a réussi à trouver un équilibre qui lui convient dans son métier initial.
Leçon : Un métier peut sembler parfait sur le papier… jusqu’à ce qu’on découvre ce qu’il implique au quotidien.
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“J’ai tout plaqué pour un DU… qui ne menait à rien” – Julie, ex-médecin scolaire
Julie quitte son poste pour se former via un DU en un an. La formation était passionnante. Mais une fois diplômée, elle n’a pas su quoi en faire. Les débouchés étaient flous, les postes rares, l’exercice libéral ne l’attirait pas. Elle s’est sentie perdue.
Elle est repartie en milieu scolaire, plus apaisée, avec l’envie de rester médecin, mais différemment. Elle a réalisé que ce qu’elle cherchait, ce n’était pas une nouvelle compétence, mais un nouveau cadre.
Leçon : Avant de se lancer dans une formation, il faut valider la faisabilité du projet, explorer les débouchés, et surtout… savoir pourquoi on y va.
“Mon projet était super, mais je ne gagnais rien” – Arnaud, ex-médecin remplaçant
Arnaud a toujours rêvé d’ouvrir un lieu hybride : café, espace bien-être, consultations en médecine douce. Il l’a fait. Le lieu était beau, les clients aimaient, mais le modèle économique n’a pas suivi. Trop de charges, pas assez de flux. Il s’est endetté, s’est épuisé, et a fermé au bout d’un an et demi.
Il ne regrette pas d’avoir tenté. Mais il aurait aimé mieux anticiper. Il a rapidement repris un poste en clinique et a retrouvé la sécurité de l’emploi. Il continue d’explorer l’univers du bien-être mais le vit comme un passe-temps et plus comme un job.
Leçon : Sens et viabilité doivent avancer ensemble. Un projet qui te plaît doit aussi te faire vivre.
Des erreurs… mais pas des fautes
Ce que montrent ces parcours, c’est qu’on peut se tromper sans se détruire, à condition de ne pas confondre rêve et réalité. Fantasmer un ailleurs qui résoudrait tout nous met généralement sur la mauvaise voie.
A contrario, se donner le droit de tester sans tout sacrifier permet d’assurer nos arrières.
Les signaux d’un faux départ :
- Tu veux “juste partir” sans projet concret,
- Tu mises tout sur une formation sans explorer les débouchés,
- Tu reproduis un schéma d’hyper-investissement, dans un autre costume,
- Tu refuses de parler d’argent, ou tu le vois comme un sujet sale,
- Tu idéalise un métier que tu n’as jamais testé.
Le bilan de compétences est un des meilleurs choix pour augmenter tes chances de réussir ta reconversion. Med Reconversion te propose un bilan pensé par des médecins, pour des médecins ! C’est l’occasion de mettre en lumière les atouts d’un métier, les obstacles que tu vas rencontrer et les débouchés possibles.
Réussir sa reconversion, c’est intégrer les erreurs et rebondir, si besoin.
Une reconversion après médecine, ce n’est pas toujours une ligne droite. C’est une trajectoire en zigzag, faite d’essais, de doutes, de réajustements. Elle passe surtout par une phase de réflexion avant de sauter dans le vide.
En médecine, l’erreur est souvent taboue. On la redoute, on l’étouffe, on la cache. Dans une reconversion, elle devient précieuse. Elle éclaire ce qu’on ne voyait pas. Elle affine ce qu’on croyait vouloir. Elle nous pousse à choisir plus justement. Ce qui distingue les médecins qui trouvent leur place après un changement, c’est qu’ils acceptent de tester, de rater, d’apprendre, puis d’affiner leur cap. Ils ne se jugent pas pour avoir “échoué”. Ils s’autorisent à réessayer autrement.
Alors si tu doutes, si tu t’es “trompé”, si ton premier projet n’a pas fonctionné : tu n’as pas échoué. Tu es en chemin. Tu explores. Tu ajustes. Et peut-être que ce “raté” t’a déjà rapproché de ce que tu veux vraiment.
Changer de vie, c’est parfois se planter… pour mieux germer.
A très vite pour de nouvelles inspirations grâce à nos réseaux Med Reconversion !
