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Loi sur les déserts médicaux : L’avis de Med Reconversion

Face à la montée des déserts médicaux, les tensions autour de la répartition des professionnels de santé s’intensifient. La question dépasse les constats habituels : elle touche à l’accès aux soins, à l’équité territoriale, mais aussi à la liberté d’exercice.

Le débat est complexe et sensible. Il soulève des réactions contrastées dans la profession. Faut-il réguler pour mieux répartir ? Ou risquons-nous d’aggraver une situation déjà fragile en ajoutant de la contrainte ?

En tant que médecin, tu es directement concerné. Cet article propose de faire le point sur la situation actuelle, les mesures envisagées, et les alternatives possibles pour agir efficacement, sans sacrifier les fondements de la médecine libérale.

Si tu as envie de parler de tout cela avec tes pairs, je t’invite à rejoindre la communauté de Med Reconversion sur Instagram et YouTube !

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Je m’appelle Marion et je suis à l’origine de Med Reconversion.  Médecin généraliste reconvertie, j’accompagne à présent les professionnels de santé qui veulent réorienter leur parcours ou explorer de nouvelles voies professionnelles.

Med Reconversion : Bilans de compétences PAR des médecins POUR des médecins

Comprendre les déserts médicaux en France

Une réalité croissante sur le territoire

Le terme « désert médical » désigne une zone où l’accès aux soins est insuffisant, du fait d’une pénurie de professionnels de santé, en particulier de médecins généralistes.

Ce n’est pas un désert total, mais un espace où le délai pour consulter devient déraisonnable, où les habitants renoncent parfois aux soins par manque de praticiens disponibles à proximité.

Aujourd’hui, on ne peut plus ignorer l’ampleur du phénomène. Selon une étude de l’Irdes publiée en juin 2025, 11,6 % de la population française (soit environ 6,9 millions de personnes) vit dans une zone sous‑dotée en médecins généralistes.

Cette réalité ne touche pas que les zones rurales isolées. De nombreuses périphéries urbaines, pourtant densément peuplées, souffrent aussi d’une offre de soins dégradée.

Cette fracture géographique aggrave les inégalités sociales et sanitaires.

 

image de la carte de France représentant les inégalités dans la répartition des médecins

Les causes multiples de cette fracture sanitaire

Tu sais que la situation actuelle n’est pas le fruit du hasard. Plusieurs facteurs structurels s’entremêlent.

Le premier, c’est le vieillissement de la profession. Un tiers des médecins en exercice ont plus de 60 ans. Et les départs en retraite s’accélèrent sans que le renouvellement soit assuré. Dans certaines zones, il n’y a tout simplement plus personne pour reprendre les cabinets.

Les attentes des jeunes générations ont évolué. Beaucoup ne veulent plus s’installer seuls en libéral dans des territoires isolés. Ils recherchent un équilibre de vie, un travail en équipe, une sécurité financière. L’attractivité du modèle libéral classique, en particulier en zone sous-dotée, s’est érodée.

Enfin, l’environnement local joue un rôle décisif. S’installer dans une zone peu desservie, sans maternité, sans pharmacie de garde, sans écoles, avec un conjoint qui ne peut pas travailler sur place, c’est un vrai frein. Même avec des aides financières, ces conditions rebutent.

 

Que prévoit la proposition de loi sur les déserts médicaux ?

Objectifs affichés par les parlementaires

La proposition de loi actuellement débattue part d’un constat largement partagé : la situation ne peut plus durer. Pour les parlementaires à l’origine du texte, il est urgent de rétablir une forme d’équité territoriale dans la présence médicale.

Le premier objectif est clair : mieux répartir les professionnels de santé, en particulier les médecins généralistes.

En parallèle, le texte vise à réduire les inégalités d’accès aux soins, considérées comme une atteinte à l’égalité républicaine. Cette proposition entend rétablir un certain équilibre, même si les moyens choisis suscitent débat.

 

Mesures envisagées pour réguler l’installation

Le cœur du dispositif repose sur une régulation à l’installation, qui s’apparente à une forme de numerus clausus territorial. Concrètement, un médecin qui souhaite s’installer dans une zone jugée surdotée par l’ARS ne pourra le faire que si un confrère cesse d’y exercer. À l’inverse, l’installation reste libre dans les zones identifiées comme sous-dotées.

Cette logique du « un pour un » est inspirée de ce qui existe déjà pour les pharmaciens d’officine ou les infirmiers libéraux.

La mesure ne se limite pas à une interdiction. Elle soulève une question centrale : faut-il inciter ou contraindre ? Plusieurs parlementaires défendent un encadrement strict, là où d’autres plaident pour des dispositifs incitatifs : majoration d’honoraires, aides à l’installation, exonérations fiscales.

Les agences régionales de santé (ARS) auront un rôle central dans cette nouvelle régulation. C’est à elles que reviendra la mission de définir les zones sous-dotées et surdotées, en s’appuyant sur des critères géographiques, démographiques et sanitaires. Elles devront aussi statuer sur les demandes d’installation, ce qui soulève des enjeux de transparence, de réactivité et d’équité.

Pour les médecins, cela signifie une potentielle remise en cause d’un principe fondamental : la liberté de choisir son lieu d’exercice. Si la mesure est adoptée en l’état, tu pourrais être tenu, demain, de justifier ton choix d’installation auprès de l’administration sanitaire, ou de le revoir.

 

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Réguler l’installation : une fausse bonne idée ?

Une mesure qui ne s’attaque pas aux vraies causes

Tu le sais mieux que quiconque : les jeunes médecins ne refusent pas d’aller en zone sous-dotée par simple caprice. Loin des discours accusateurs, la réalité est plus complexe. Ce n’est pas la volonté de soigner qui manque, mais les conditions d’exercice qui posent problème.

S’installer dans une zone rurale ou périurbaine, sans structure de soins organisée, avec peu de remplaçants, un isolement professionnel important et des charges administratives croissantes, c’est un défi réel. Et même les aides financières ou les exonérations ne suffisent plus à compenser l’écart de qualité de vie ou d’environnement de travail.

Trop souvent, tu dois y assumer seul la permanence des soins, des horaires à rallonge, des gardes non mutualisées. Ajoute à cela un accès plus compliqué à un plateau technique, à un réseau hospitalier, à des spécialistes, et l’exercice devient vite précaire. La vraie cause de la désaffection, elle est là : le quotidien médical est devenu trop lourd là où il manque de tout.

Imposer une régulation à l’installation sans repenser l’attractivité globale de ces zones, c’est traiter le symptôme sans s’attaquer à la racine.

 

médecins qui discutent pour réfléchir à la loi sur les déserts médicaux

Quelles conséquences sur la liberté d’installation ?

La liberté d’installation est un principe ancien, mais toujours vivant. C’est l’un des fondements de l’exercice libéral en France.

Restreindre cette liberté au nom de l’intérêt général, pourquoi pas. Mais encore faut-il que les mesures soient justes, proportionnées, et surtout efficaces.
Or, les exemples passés de régulation autoritaire (comme pour les infirmiers libéraux ou les pharmaciens) montrent que ces dispositifs n’ont pas toujours amélioré la répartition des professionnels.

Il y a aussi un risque de démotivation. Forcer un médecin à exercer là où il ne souhaite pas vivre ou s’installer, c’est prendre le risque qu’il exerce moins ou parte plus vite. À terme, cela pourrait même détourner certains jeunes des carrières libérales, les pousser vers des pratiques salariées, ou vers l’expatriation.

Tu n’es pas un pion sur une carte.

 

Quelles alternatives pour lutter contre les déserts médicaux ?

Améliorer les conditions d’exercice en zone sous-dotée

Si tu veux vraiment inciter des confrères à s’installer dans les zones les plus touchées, il faut d’abord leur offrir un cadre de travail stable et sécurisé. Cela passe par un soutien logistique, administratif et technique. Avoir un secrétariat partagé, un logiciel commun, des temps de coordination, c’est autant de temps médical gagné et de charge mentale en moins.

Les aides financières doivent exister, mais elles ne suffisent pas si elles ne sont pas accompagnées. Trop de dispositifs sont encore mal connus, mal ciblés ou inadaptés à la réalité de terrain.

 

Renforcer la coopération interprofessionnelle

La réponse aux déserts médicaux passe par une organisation collective des soins. En développant les équipes pluriprofessionnelles et la coordination entre soignants, la charge des médecins est allégée et la prise en charge des patients est améliorée.

 

Miser sur les nouvelles technologies

La téléconsultation et la télémédecine ne remplacent pas une présence médicale physique, mais elles peuvent aider. Dans certains cas, elles permettent d’assurer un suivi là où aucun médecin n’est disponible à proximité. Ce sont des outils d’appoint, utiles, mais qui ne règlent pas le problème de fond.

 

Formation et sensibilisation dès les études

Tu le sais : le choix du lieu d’exercice ne se fait pas au hasard. Il se construit progressivement, souvent dès les études. Les stages en zone rurale ou en zone fragile jouent alors un rôle clé. Ils permettent aux jeunes médecins de découvrir une réalité différente, parfois plus riche que ce que l’on imagine depuis l’extérieur.

 

Quel rôle pour les médecins dans ce débat ?

Une responsabilité collective, pas une culpabilité

médecin qui réfléchit à la responsabilité des médecins sur les déserts médicaux

Tu n’es pas responsable des déserts médicaux !

Et pourtant, le discours public te désigne parfois comme un acteur passif, voire coupable. Cette stigmatisation est injuste. Elle ne tient ni compte de la complexité du terrain, ni de l’engagement quotidien des soignants.

Refuser cette culpabilisation ne signifie pas se désengager. Au contraire, les médecins ont toute leur place dans la recherche de solutions. En travaillant avec les territoires et les élus, en prenant part aux projets de santé locaux, tu peux contribuer à construire des réponses adaptées, réalistes et durables.

 

Proposer des solutions construites et partagées

Ce débat ne peut se faire sans toi. Le dialogue avec les pouvoirs publics doit être constant, transparent et équilibré. Il ne suffit pas d’imposer des règles depuis Paris. Les décisions doivent s’appuyer sur l’expérience de terrain, sur ce que vivent réellement les soignants et les patients.

L’enjeu est de remettre le patient et le médecin au cœur des décisions. Ce n’est ni un dossier administratif, ni un problème purement statistique. C’est une question de lien humain, de parcours de soins, d’équilibre local. Et pour que les mesures soient efficaces, elles doivent être pensées avec les professionnels, pas contre eux.

Tu as donc un rôle à jouer : faire entendre ta voix, porter des propositions, défendre une vision de la médecine qui soit à la fois accessible et respectueuse de ceux qui la pratiquent.

La lutte contre les déserts médicaux mérite mieux que des réponses rapides et centralisées. Si la volonté d’agir est réelle, les solutions doivent être construites avec les acteurs de terrain, en prenant en compte la diversité des réalités locales.

Réguler l’installation peut sembler logique à court terme, mais cela ne suffit pas. Il faut améliorer les conditions d’exercice, renforcer la coopération entre professionnels, et accompagner les choix dès la formation. Ce sont ces leviers qui donneront envie aux jeunes médecins de s’engager là où les besoins sont les plus forts.

Ton rôle est essentiel. Refuser la stigmatisation, participer au dialogue, proposer des solutions concrètes. La réponse aux déserts médicaux ne viendra pas d’un décret, mais d’un effort partagé entre soignants, institutions et territoires.

Si tu ressens le besoin de faire évoluer ta carrière, de réorienter ton exercice ou d’explorer d’autres voies, Med Reconversion propose un accompagnement personnalisé. Prendre du recul, réfléchir à ses priorités, se réinventer professionnellement, c’est aussi une façon d’agir pour soi (et, à terme, pour le système de santé dans son ensemble).

 

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ET POUR LES INFIRMIER(E)S : Nous n’avons pas oublié de penser à vous ! Depuis 2020, un espace en ligne ainsi qu’un programme spécifique ont vu le jour. Ce dispositif te permet de profiter d’une évaluation de tes compétences réalisée par une infirmière, à l’intention des infirmières. Les conseils utiles sont faits pour être partagés, donc n’hésite pas à en informer tes collègues désireux de prendre un nouveau départ !

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